Les circonstances de ce drame !
Sur les circonstances de ces autres décès par éboulement, nos sources relatent que « c’est aux environs de 2 heures le dimanche que l’accident s’est produit. Les victimes faisaient partie d’un groupe de sept personnes qui se sont introduites notamment dans le chantier de Mme Lu pour le «sassayé» comme il est de coutume le lundi ».

C’est que, selon nos sources, « le lundi, pour aider les parents à préparer les rentrées scolaires, cette dame les laisse descendre dans son trou pour collecter le gravier dont la poudre serait lavée plus tard afin d’en obtenir de l’or ». « Seulement, indiquent les riverains, parce que lundi 15 août 2022, jour férié du fait de l’Assomption, les familles, pour la plupart chrétiennes catholiques, seront occupées, Mme Lu a autorisé l’accès à son tour ce samedi. Toute la journée, nous nous sommes donc adonnés au «sassayé». Cependant, nos sept « oiseaux de nuit » comptaient parmi eux des orpailleurs qui n’avaient pas eu cette information. Informés, ils ont préféré descendre nuitamment pour se rattraper. Mal leur en a pris. La terre les a engloutis.
Sur le champ, les secours ont sauvé quatre personnes immédiatement prises en charge à l’hôpital de district de Batouri. L’une d’elles décède dans la journée du dimanche 14 août 2022. Son corps rejoint ceux de ses compères à la morgue de cette formation sanitaire en attendant les résultats de l’enquête ouverte par le procureur de la République près les tribunaux d’instance de Batouri.
Depuis quelques mois, la mort rôde dans la localité de Kambélé
Depuis le 13 juin 2022, selon diverses sources, « le site de Kambele-Batouri est déjà à huit morts par éboulement ». À l’analyse du fichier actualisé de l’organisation Forêts et Développement rural (Foder) sur les décès dans les sites miniers de l’Adamaoua et de l’Est, depuis 2014, dans ces régions, l’on a enregistré 205 morts, dont 113 par éboulement.

Le seul site de Kambele a causé la mort de 19 personnes de 2017 à 2021 par éboulement (deuxième derrière le site de Ngor-Ngor qui, au cours de la seule année 2017, pointe 21 décès sur les 27 de 2014 à 2017). À Kambele, 10 personnes sont décédées par noyade de 2014 à 2021, soit plus du quart des décès enregistrés (37) au cours de cette période pour la même cause. Par ailleurs, en 2021, 2 personnes, sur les 5 enregistrées sur tous les sites depuis 2019, sont décédées à Kambele « bloquées sous un tunnel », et trois (100%) y ont été tuées par des engins (une par un Chinois par le moyen d’une pelle excavatrice, une autre percutée par un engin d’une entreprise chinoise dont le nom n’a jamais été révélé et une dernière écrasée par un camion benne).
Dans son édition du lundi 8 août 2022, votre journal lançait déjà l’alerte sur les dangers de morts qui planait au-dessus des plus de 5 000 personnes qui envahissent régulièrement les sites miniers du chantier de Kambele-Batouri. Ces morts viennent alors nous rappeler que ces dangers sont réels.